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portière de la salle de bal, je l’aperçus au milieu des autres jeunes filles comme on aperçoit une pâquerette au milieu d’un pré. Elle était plus petite que toutes les autres danseuses, très blanche, avec des cheveux couleur d’or, les seuls cheveux vraiment dorés que j’aie jamais vus. Sa tête était penchée comme le calice d’une fleur dans l’herbe. Sa robe était d’un vert pâle comme pour perpétuer l’illusion. Peut-être la nature elle-même avait-elle approprié cette nuance au teint de la jeune fille. Gaie, délicate, innocente et pure, dès qu’on la regardait, on se prenait à avoir envie de la serrer dans son sein comme une fleur.

Le bal eut un grand succès. Madame Rochdale remonta dans sa chambre bien longtemps après minuit ; mais ses joues brillaient encore de tout l’éclat de l’orgueil maternel. Elle avait retrouvé un air de jeunesse, et il fallait bien admettre ce fait, constamment soutenu par les générations précédentes, que nos mères et nos grand’mères étaient infiniment plus jolies que nous. Assurément aucune des beautés de la salle de bal ne pouvait, à mon sens, se comparer à madame Rochdale. J’avais envie de le lui dire. J’essayai d’insinuer vaguement quelque chose qui se rapprochât un peu de ma pensée.