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venir ce doux petit visage, silencieux et pâle.

Puis elle se rappela ce qui restait à faire. Tout était en ordre dans la maison ; son père dormait encore profondément sur le banc, en dépit du tumulte de la nuit. Elle sortit, traversa les rues désertes et silencieuses encore, bien qu’il fît grand jour, et arriva à la demeure des Leigh. Madame Leigh, qui avait conservé ses habitudes de campagne, ouvrait ses volets. Suzanne la prit par le bras, et sans rien dire, entra dans la maison. Alors elle se mit à genoux devant madame Leigh stupéfaite, et pleura comme cela ne lui était jamais arrivé. Le chagrin de la nuit l’avait bouleversée, et après avoir tant souffert avec calme, elle ne pouvait trouver la force de parler, maintenant que la première angoisse était passée.

— Ma pauvre fille ! Qui est-ce qui t’a gonflé le cœur au point de te faire pleurer ainsi ? Dis-moi, je t’en prie. Non, pleure, pauvre enfant, si tu ne peux pas parler encore. Cela te soulagera et ensuite tu pourras parler.

— Nancy est morte ! dit Suzanne. Je l’ai quittée pour aller trouver mon père, elle a roulé dans l’escalier et n’a plus respiré. Oh ! voilà mon chagrin, mais j’ai autre chose à vous dire. Sa mère est venue, elle est chez nous ; venez voir si c’est votre Lisette ?