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Tous deux nous accompagnèrent à pied à la station. Ils avaient évidemment l’habitude de se promener beaucoup ensemble ; nous les vîmes encore un instant debout sur la plate-forme se donnant le bras, lord Erlistoun ôtant son chapeau pour nous dire adieu, avec la grâce noble qui lui était particulière, lady Erlistoun se penchant en avant avec sa tendresse enfantine pour voir encore une fois sa chère miss Dowglas.

Jeanne ferma les yeux, comme pour conserver le tableau devant elle. En les ouvrant un moment après, elle rencontra les miens et sourit.

— Votre jour de congé vous a-t-il plu ?

— Oui, et le vôtre ?

— Ma journée a été douce. J’ai été bien aise de les voir.

— Y retournerez-vous souvent ?

— Non ; je ne crois pas. Le cours de leur vie est si différent de la mienne ! Je ne voudrais pas qu’il en fût autrement. Il me semble même que j’arrive à cette époque de la vie où le grand bonheur est dans l’intérieur.

Nous nous trouvions seuls dans la voiture ; la lampe éclairait vaguement la personne de Jeanne appuyée en arrière, les mains croisées ; à l’extérieur, on ne voyait rien ; nous aurions pu être seuls au monde, elle et moi.