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Je jetai un coup d’œil sur les maîtres de la voiture ; ils n’étaient que deux, un homme et une femme ; ils causaient et souriaient, ils étaient beaux, jeunes, ils avaient l’air heureux. Lorsqu’ils eurent passé, je les reconnus, lord et lady Erlistoun. Ils ne me virent pas, et j’en fus bien aise. Je crains que le diable n’ait été le maître en moi quelques minutes après les avoir vus.

Ainsi donc, ils étaient de retour en Angleterre. Viendraient-ils nous chercher ? Jeanne le désirerait-elle ? Oserait-elle le désirer ? Je n’en savais rien. Je m’épuisais en conjectures, voulant mesurer la nature d’une femme par celle d’un homme, et arrivant à la seule conclusion raisonnable, c’est que nous ne savons rien du tout sur leur compte. Ma seule consolation était ce que Jeanne avait dit elle-même : « que le ciel n’accorde jamais à un être humain la faculté d’en rendre un autre constamment malheureux ».

Quelques paroles toutes simples, dites le dimanche en traversant les champs, apaisèrent tous ces doutes ! J’avais envie de sourire.

— Marc, j’ai reçu hier une invitation que je voudrais accepter. Pourriez-vous prendre un jour de congé et venir avec moi voir lord et lady Erlistoun ?

— Certainement.