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tant le porche couvert de jasmin et doré par le soleil, croyait-elle que ma vie sous les ombrages de Mincing-Lane pût me suffire ?

Je n’étais pas un lâche. Je ne me plaignais pas de mon sort ; je ne me heurtais pas contre ses barrières ; si le ciel les avait posées, je ne demandais pas à les franchir ; sinon, j’avais encore le bras robuste.

Un jour seulement, j’avoue que je me laissai battre par le sort ou par le diable, peut-être par tous deux. Je descendais Cheapside en toute hâte, pressé de fermer le bureau dont les chefs laissaient maintenant presque toutes les affaires entre mes mains. Je voulais saisir les derniers rayons d’un après-midi d’automne pour prendre l’air sur la rivière, moins par plaisir que pour ma santé ; un homme dont c’est là l’unique capital doit l’économiser, et le mien avait été décroissant depuis quelque temps.

Il y avait dans la rue un embarras qui m’arrêtait et m’impatientait, car j’étais devenu irritable pour les petites choses ; cette paire de chevaux qui barrait le passage, quels droits avaient-ils, ainsi que leurs maîtres, de caracoler si librement le long des sentiers faciles de la vie, pour nous voler la seule chose qui nous appartînt en propre, à nous autres travailleurs, notre temps ?