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que j’ai voulu loger de ce côté-ci de Manchester, et le lendemain de notre arrivée j’ai été chez son ancienne maîtresse ; j’ai demandé à lui dire un mot. J’avais bien envie de lui reprocher la façon dont elle avait renvoyé notre pauvre enfant sans nous prévenir d’abord ; mais elle était en deuil, et elle avait l’air si triste que je n’ai pas eu le cœur de la disputer. Mais je lui ai fait quelques questions sur notre Lisette. Le maître aurait voulu la renvoyer le jour même ; mais il est dans l’autre monde maintenant ; j’espère qu’il y aura rencontré plus de miséricorde qu’il n’en a montré à Lisette, et quand la maîtresse lui a demandé s’il fallait nous écrire, Lisette a secoué la tête ; elle a redemandé ; alors la pauvre fille s’est jetée à genoux et l’a suppliée de n’en rien faire, en disant que cela me briserait le cœur (et c’est vrai, Guillaume, Dieu le sait), dit la pauvre mère épuisée par ses efforts pour contenir son insurmontable douleur ; elle a dit que son père la maudirait ! Ô Dieu, donne-moi la patience !

Elle ne put parler pendant quelques minutes, puis elle reprit :

— Et elle menaçait, si on nous écrivait, d’aller se jeter dans le canal… Tout de même j’ai une trace de mon enfant ; sa maîtresse croit qu’elle est allée à l’hôpital pour ses couches ; j’y suis allée,