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— Lady Émily sait-elle ? Il me semble qu’il faudrait lui dire, demandai-je après un long silence.

— L’engagement de Jeanne ? C’est probable ; mais je n’en sais rien. Jeanne est si scrupuleuse.

— Il est venu hier ?

— Oh ! oui, et lady Erlistoun aussi. On la traite avec un grand respect, vous voyez. Pauvre Jeanne ! comme elle me manquera quand elle sera mariée.

— Chut ! j’entends la voiture.

Elles entrèrent toutes deux : Jeanne, lady Émily et, avec elles, lord Erlistoun. Ma mère engagea naturellement celui-ci à rester.

Lady Émily parut surprise, mais elle ne dit rien. Seulement après, avec une grâce enfantine, elle déclara que, s’il restait, il ne fallait pas qu’il interrompît les mille et une choses qu’elle avait à dire à sa chère miss Dowglas.

Non, il était évident que cette heureuse, cette innocente créature ne savait rien. Jeanne ne lui avait rien dit. Je me demandai si Jeanne avait eu tort ou raison.

Elle donna les places d’honneur, aux deux coins du vieux canapé, à lord Erlistoun et à lady Émily, et elle s’assit en face, à la table à thé. Le sourire qui répondait toujours à celui de lady Émily était doux, mais extrêmement grave, comme si elle était bien plus âgée qu’eux.