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geante peut-être, mais rendant tout ce qu’elle exige : l’amour qui absorbe toutes les autres affections et qui s’élève, unique et absolu, parfait et inaliénable, l’amour qu’un homme doit avoir pour sa femme ?

Pour la centième fois, je faisais tort à lord Erlistoun. Une fois encore, en me promenant dans la rue solitaire, jusqu’à ce que la lune fût couchée derrière la terrasse en face de nous, et que la bougie de Jeanne s’éteignît enfin dans la mansarde de Pleasant-Row, encore une fois, mon jugement fut injuste, précipité, comme cela arrive toujours quand on veut mesurer les autres avec sa règle et son compas. J’oubliais, hélas ! (que ne pouvons-nous l’oublier moins souvent !) que la Providence n’a jamais fait pousser deux arbres sur la même courbure ni fait exactement pareilles deux feuilles du même arbre.

C’était vendredi, ou plutôt samedi, car je ne rentrai chez moi qu’à l’aube du jour. Le dimanche matin, je me levai et je fis quatre lieues à pied pour aller dans la campagne, à une petite église de ma connaissance. Je ne parus à Pleasant-Row que le soir.

Jeanne était sortie. On était venu la chercher en voiture : lady Erlistoun et lady Émily Gage. Celle-ci devait revenir avec elle après le dîner.