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véritable amateur de musique ne peut éprouver un plaisir plus vif qu’en se trouvant au milieu de cet océan de têtes, en contemplant la montagne des pupitres toujours ascendants, se garnissant peu à peu, jusqu’à ce qu’au milieu de la cacophonie générale des instruments qu’on accorde viennent à retentir les notes majestueuses du grand orgue ; alors les vagues tumultueuses de l’océan humain se calment, la fête commence.

L’hymne de louange de Mendelssohn, chacun le connaît, cette noble symphonie d’ouverture chère à tous les musiciens, et ce chœur : « Que tout ce qui a la vie et le souffle chante au Seigneur ! » Jeanne me regarda, ses yeux étincelaient. Le grand flot de la musique s’épanchait autour de nous ; il avançait, il avançait, elle s’y plongea avec un soupir de bonheur, elle était absorbée, perdue.

Et pour moi ce qui me valait mieux que la musique, c’était de voir son visage absorbé, écoutant, à mesure que les doux accents de l’air : « J’ai attendu le Seigneur, » tombaient goutte à goutte comme de l’huile dans son cœur troublé ; après le chant : « Sentinelle, la nuit sera-t-elle bientôt passée ? » lorsque le chœur éclata : « La nuit s’en va, s’en va, » alors son cœur déborda, de grosses larmes s’amoncelèrent, puis tombèrent une à une,