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et blanc, je distinguai sur les traits de Jeanne une expression qui m’allait au cœur.

Elle ne disait pas un mot, mais souvent un coup à la porte la faisait tressaillir et trembler ; je remarquai aussi qu’elle ne sortait jamais sans prendre la précaution de dire : « Je reviendrai à telle heure, » et qu’elle ne rentrait jamais sans demander d’un air de négligence affectée :

— Est-il venu quelqu’un ?

— Non.

Personne ne venait, et elle remontait chez elle lentement, péniblement, pour revenir quelques minutes après, sans chapeau, les cheveux lisses, pâle et calme ; les chances de ce jour-là étaient finies.

Je manquai à mes règles ordinaires, et je vins presque tous les soirs à Pleasant-Row. Un jour je pris un congé, et je m’invitai à diner chez ma mère ; j’apportai un bouquet et je souhaitai une bonne fête à ma cousine Jeanne.

Les larmes lui vinrent involontairement aux yeux quand elle dit :

— Merci, Marc ; vous vous en êtes souvenu.

Hélas, j’étais le seul.

J’avais fait un projet pour alléger un peu le poids de cette journée ; je posai devant elle deux billets verts sur lesquels était inscrit : « Société