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tôt par affection, et ce genre d’enseignement rend heureux. C’était un moyen de remplir dans sa vie un certain vide que j’avais déjà remarqué dans les intervalles des lettres de l’étranger, intervalles irréguliers et qui se prolongeaient souvent ; c’était aussi le moyen de suppléer à une foule de besoins qui devaient se faire sentir dans une existence monotone à une jeune femme constamment occupée de soigner une vieille femme sans amis ; c’étaient les raffinements de la vie, une sympathie aimable, des relations habituelles avec des personnes de son espèce.

Je me donnais ces raisons pour expliquer le vif plaisir qu’elle prenait à ce nouvel intérêt, étranger à nous et aux nôtres. Mais mon jugement était superficiel, comme cela arrive souvent aux hommes.

Un dimanche, lady Émily descendit comme un oiseau de paradis dans les régions perdues de Pleasant-Row, et, ce jour-là, je découvris ou je crus découvrir beaucoup de choses.

— Jeanne, cette enfant, comme vous dites, est comme un amant pour vous.

Jeanne sourit :

— Eh bien, est-ce que je ne vaux pas mieux pour elle qu’un amant ? Je suis moins dangereuse en tous cas. Ne riez pas, Marc. Les jeunes filles choisissent souvent leur premier amour parmi les