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avec orgueil à ses robes usées et à ses gants raccommodés, tandis que de façon ou d’autre les vêtements de ma mère étaient toujours frais, je me rappelle les lieues que Jeanne faisait à pied dans la boue de Londres.

— Oh ! cela ne fait rien ; nous sommes jeunes et forts ; mais il faudra un de ces jours mener votre mère faire une promenade en voiture.

Je me souviens comme elle m’accompagnait à la porte du vestibule pour me dire un mot ou deux en particulier.

— Je n’ai rien voulu dire en haut de peur de tourmenter votre mère.

Ma mère ! ma mère à moi ! Que le ciel m’oublie quand je t’oublierai, Jeanne Dowglas !

En regardant en arrière, on s’étonne souvent de voir comment, au milieu de circonstances contraires, on a été heureux, positivement heureux. Je sais que nous l’avons été cette année-là ; nos changements et nos pertes étaient venus tout d’un coup ; nous n’avions pas traîné, nos revers n’avaient laissé derrière eux ni honte, ni inquiétude ; tout cela était fini ; nous recommencions sans une seule dette ni un seul souci. Et quant à celui dont la mort termina dignement une vie honorable et entourée d’affection, là aussi était la paix. J’ai souvent envié à mon père le sourire avec lequel