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gable qu’elle mettait à chercher une personne qu’il valait mieux, se disait-il, croire morte que vivante. Il lui parla brusquement, mais il reçut des réponses si tristes, si suppliantes qu’il se reprocha amèrement son manque d’égards ; il perdit de plus en plus tout repos d’esprit. Cette lutte ne pouvait durer longtemps sans agir sur sa santé, et Thomas, son unique compagnon pendant les longues soirées, remarqua avec étonnement et inquiétude la faiblesse croissante et l’agitation incessante de son frère ; il prit enfin le parti d’attirer l’attention de sa mère sur l’air fatigué et les traits hagards de Guillaume. Elle l’écouta avec un souvenir subit des droits de son fils aîné à sa tendresse, et elle s’aperçut bientôt de l’appétit languissant et des soupirs à demi étouffés du pauvre garçon.

— Qu’est-ce que tu as donc, Guillaume ? mon enfant, lui demanda-t-elle en lui voyant contempler le feu d’un air indolent.

— Je n’ai rien, répondit-il, comme si la question le contrariait.

— Voudrais-tu retourner à la ferme d’Upclose ? demanda-t-elle tristement.

— C’est le temps des mûres ! dit Thomas.

Guillaume hocha la tête. Elle le contempla quelque temps comme pour comprendre son abattement et en découvrir la cause.