sa mauvaise humeur ; elle lui épargna sans rien dire toute fatigue. Car du moment qu’elle s’était trouvée veuve, ma mère avait tout d’un coup vieilli, son énergie et son activité l’avaient abandonnée, elle s’appuyait tour à tour sur chacun de nous, pour toutes choses, et sur Jeanne Dowglas par-dessus tout.
Je les amenai donc avec moi à Londres. Je les établis à Pleasant-Row, et je les laissai se consoler réciproquement comme le savent faire les femmes. Elles avaient Algernon le soir ; mais pour mon compte, je ne vivais pas avec elles, pour bien des raisons.
La fille de ma mère ! Cela était vrai, et j’avais le bon sens d’en être reconnaissant, bien que ce fait eût quelquefois des côtés pénibles. Mais on ne doit jamais être hypocrite, même dans les plus petites choses. Je ne me souviens pas d’avoir jamais appelé Jeanne Dowglas ma sœur.
Revenons à lord Erlistoun. Pendant tous nos malheurs, elle ne parla pas de lui ; il ne semblait pas qu’il fût l’un de ces noms qu’on recherche naturellement dans le malheur. Mais une fois installés, je lui apportai une lettre de l’étranger revenant de Lythwaite-Hall. J’aurais pu deviner de qui elle était par les yeux de Jeanne. Elle non plus n’était pas hypocrite.