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depuis tant d’années à mes yeux, que c’était…

— Émily ! souffla Jeanne en riant. Pourquoi vous arrêtez-vous ? C’est un des plus jolis noms que je connaisse.

— Je le déteste !

Lord Erlistoun bondit sur ses pieds ; il ne voulut plus réciter de vers. J’avais bien trouvé un peu étrange qu’au moment de la séparation, un amant pût épancher ses sentiments dans les paroles d’un autre ou même parler du tout. Mais l’amour prend des formes si diverses que ce qui paraît faux à une nature peut être profondément vrai dans une autre.

Il reprit sa promenade en long et en large. Jeanne soupira, puis se leva et ouvrit le piano.

— Vous souvenez-vous de ceci, Marc ? Vous aimiez cela, bien que vous n’ayez pas grand goût pour la musique.

— Pour toutes les musiques, non.

Mais cela était une des mélodies sans paroles de Mendelssohn. Elle l’avait jouée, avec un rayon de soleil sur ses cheveux, par cette matinée de mai, à Lythwaite. Avant qu’elle eût joué bien des mesures, lord Erlistoun l’interrompit :

— C’est trop calme, trop doux, Jeanne, jouez quelque chose qui me plaise, ou plutôt ne jouez pas ! Écoutez (l’horloge de l’église sonnait) ! Il n’y a plus qu’une heure maintenant !