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personne assise auprès d’elle, à la fin sur le tapis à ses pieds. On aurait pu rire en se rappelant la dignité de l’attitude de lord Erlistoun à Lythwaite, mais ce n’était plus matière à sourire maintenant.

— Est-ce qu’on ne cause pas ? dit Jeanne après un long silence.

Une conversation décousue s’ensuivit. On parla de divers livres et de diverses personnes ; et puis, soit que ses idées l’abandonnassent, soit qu’elles revêtissent une forme passionnée qu’il ne pouvait exprimer que dans de certaines limites, bien que ma mère et moi ne le gênassions pas beaucoup d’ordinaire, lord Erlistoun se mit à répéter des vers.

Quelle voix que la sienne, sonore, profonde, douce ! Comme elle se glissait dans l’ombre avec une emphase volontaire qui devait aller tout droit à un cœur jeune et qui l’aimait ! Elle me touchait, moi aussi, dans une certaine mesure ; certains fragments en particulier, que je retrouvai plus tard dans un livre et dont je n’avais pas alors découvert tout le sens. C’était un poème d’amour, naturellement. Le jeune homme décrivait, dans un langage enivrant d’un charme moitié céleste, moitié terrestre, celle qui aime et qu’il cherche toujours ; enfin il la rencontre la dernière.

— Je compris enfin que c’était la vision cachée