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Jeanne aussi devint heureuse et à l’aise. Elle l’aimait évidemment, et l’amour seul suffit à rendre heureux pour un temps, non d’une manière permanente, du moins ce genre d’amour.

Même alors, je m’imaginais quelquefois, était-ce seulement de l’imagination ? qu’elle conservait une ombre de doute, comme le soir où elle m’avait demandé piteusement : « Ai-je eu si grand tort ? » Nous n’avions jamais causé depuis lors, en confidence. C’était un fait acquis dans la famille que Jeanne n’aimait pas qu’on lui parlât de lord Erlistoun. Ma mère disait qu’elle n’avait pas la moindre idée du moment et de l’endroit où elle devait se marier. C’était « un peu drôle » de la part de Jeanne.

Mais, soit par faiblesse inhérente à la nature humaine, soit que Jeanne fût en effet un peu différente, tout le monde traitait la future lady Erlistoun avec une grande considération, et personne n’eût osé lui adresser l’ombre d’un reproche.

Je n’étais pas de ceux-là ; je n’avais aucune raison d’en être. Leur Jeanne Dowglas n’était pas, n’avait jamais été ma Jeanne. C’était tout autre chose. Un jour, qu’elle parlait d’un changement qu’elle comptait faire, l’année suivante, dans le jardin de Lywaite, je résolus de savoir la vérité sur son engagement.