— On ne vous en empêcherait pas. Je crois qu’elle est morte, mais cela n’y fait rien.
— Elle n’est pas morte, dit sa mère à voix basse.
Mais il ne fit pas attention à l’interruption.
— Nous irons tous à Manchester pour un an, et nous louerons la ferme à Thomas Higginbotham. Je me procurerai de l’ouvrage chez un forgeron, et Thomas pourra aller pendant ce temps-là à une bonne école, comme il en parle depuis si longtemps. À la fin de l’année, vous reviendrez ici, ma mère, vous ne vous tourmenterez plus sur le compte de Lisette et vous penserez comme moi qu’elle est morte, ce qui, à mon idée, serait plus consolant que de la croire vivante.
Il baissa la voix en prononçant ces derniers, mots. Sa mère hocha la tête, mais ne répondit pas. Il reprit :
— Voulez-vous que nous convenions de cela, ma mère ?
— J’y consens, dit-elle. Si je n’entends par parler d’elle perdant un an, moi étant à Manchester à la chercher, j’aurai le cœur complètement brisé avant la fin de l’année ; et alors je ne connaîtrai plus pour elle ni amour ni chagrin, car je serai dans le tombeau ; j’y consens, Guillaume.
— Eh bien ! puisque vous le voulez, qu’il en soit