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eût des manières, elle qui, dans toutes les circonstances, était si parfaitement simple et naturelle ; elle n’était pas toujours la même ; il n’y a guère que les gens très réservés, les gens du monde quintessencié et les gens sans esprit qui ne varient jamais : mais, dans toutes ses allures les plus diverses, Jeanne était et restait toujours ce qu’elle voulait être, elle-même.

Elle n’avait aucune prétention, aucun genre, elle ne feignait point une humilité polie ou mesquine. Je crois qu’elle savait bien qu’elle n’était pas laide et qu’elle s’amusait un peu du mauvais goût de ceux qui en jugeaient autrement. Je crois aussi qu’elle avait un certain plaisir féminin innocent à voir ses traits classiques, nobles, les traits de son père, et les belles mains qu’elle tenait de lui. C’était en partie par affection pour son père ; il était d’ailleurs dans sa nature d’avoir un bon sentiment au fond même de ses vanités.

Je la décris comme elle était pour nous qui la connaissions, non pour les étrangers, et à moins qu’ils ne l’intéressassent réellement, elle ne faisait point de frais pour eux. Je ne m’étonnai donc pas que ce soir-là, tranquille comme elle l’était d’ordinaire, lord Erlistoun se bornât à remarquer son visage (il était trop connaisseur pour ne pas voir qu’elle était belle) comme il eût remarqué