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rent d’ordinaire dans la pauvreté ; il avait cependant laissé à Jeanne cinquante livres sterling de rente. Mon père alla la chercher pour nous faire une visite à Lythwaite, et, je ne sais comment, nous ne pûmes plus nous en séparer. Voilà tout ce que je savais de son histoire.

Pour elle, c’était une personne mince, élancée, aux cheveux noirs. On ne l’admirait pas beaucoup en général, du moins parmi les gens de notre connaissance. Un teint éclatant, une taille arrondie, le tout relevé par une toilette élégante, voilà leur idée de la beauté. Si Pallas elle-même (j’ai une tête de Pallas sur la bibliothèque, dans mon bureau, que j’ai achetée chez un marchand de curiosités parce qu’il y avait, dans la coupe du front et l’attache des cheveux, quelque chose qui me rappelait Jeanne), si Pallas elle-même était tombée au milieu d’une telle réunion avec une robe de soie noire montante, une petite ruche blanche autour du cou, sans un ruban ou un bijou, on eût certainement trouvé que la déesse était une jeune femme peu avenante, comme je l’ai entendu dire de Jeanne.

C’était une jeune femme décidément ; ce n’était pas une jeune fille. Elle avait vu le monde à Londres et ailleurs ; son caractère et ses manières étaient également formés, si on peut dire qu’elle