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— Et ses manières ?

— J’en ai vu de moins bonnes, j’en ai vu de meilleures.

— Ma chère Jeanne, comment pouvez-vous en juger ? Il est si élégant, si poli ; on voit qu’il est accoutumé à la meilleure compagnie.

— Mais, ma mère, Jeanne a été accoutumée aussi à la bonne compagnie.

— J’ai été accoutumée pendant vingt-six ans à celle de mon père.

Jeanne dit cela avec orgueil, mais un orgueil permis. Je vis trembler ses lèvres, et je me hâtai de parler d’autre chose.

J’avais vu une fois dans ma vie le père de Jeanne. Personne ne pouvait l’oublier, pas même un jeune garçon, ce que j’étais alors. Comment il s’était marié dans la famille Brown, et si la femme qu’il avait choisie, Emma Brown, avait les qualités requises pour devenir sa femme et la mère de Jeanne, c’est ce que je n’ai jamais pu savoir. Elle mourut jeune. Nous n’entendions jamais parler ni du père ni de la fille ; seulement nous voyions parfois son nom dans les journaux et les revues ; mon père disait alors : « C’est probablement le mari de la pauvre Emma, il avait tant d’esprit ! » Enfin nous vîmes un jour son nom dans une nécrologie de journal. Les auteurs meu-