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Lorsqu’il entra dans la cuisine, sa mère était assise auprès du feu, contemplant les tisons. Elle ne l’entendit pas venir ; depuis quelque temps, elle avait perdu toute rapidité de perception pour les choses extérieures.

— Mère, demanda-t-il, qu’est-ce que c’est que ce projet d’aller à Manchester ?

— Oh ! mon garçon, dit-elle d’une voix suppliante en se retournant vers lui, il faut que j’aille chercher ma Lisette. Je ne puis rester ici en repos, je pense trop à elle. Bien des fois, j’ai laissé ton père dans son lit, dormant tranquillement, pour aller à la fenêtre et regarder de toutes mes forces du côté de Manchester ; il me semblait quelquefois que j’allais partir et marcher à travers les bruyères jusqu’à la ville ; et puis que je relèverais toutes les têtes baissées, jusqu’à ce que j’aie trouvé notre Lisette. Souvent, souvent, quand le vent soufflait doucement dans le creux de la bruyère, je me suis figuré (c’était seulement une idée, tu sais bien), que je l’entendais m’appeler, et que la voix se rapprochait, se rapprochait ; je finissais par croire que je l’entendais sangloter à la porte et murmurer : « Ma mère ! » je suis descendue bien des fois tout doucement, j’ai ouvert la porte et j’ai regardé dans les ténèbres, croyant l’apercevoir ; et puis je suis rentrée déso-