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taillis sous les trois marronniers, car Jeanne disait en riant que lorsqu’elle aurait fait fortune et qu’elle aurait un parc, elle le planterait de marronniers. Je me rappelle ce propos, parce qu’il me prouva qu’en causant comme en nous taisant nous poursuivions tous deux des pensées et des plans d’avenir aussi éloignés que les deux pôles.

— On ne fait pas souvent fortune ; les vaisseaux n’arrivent pas toujours au port, n’est-ce pas, cousine Jeanne ?

Je suis un homme tout uni, je le sais. Il n’y a guère de poésie en moi, et ce qu’il pouvait y en avoir a disparu depuis vingt ans au milieu des Docks et de la Bourse de Liverpool. Peut-être la poésie eût-elle pu revivre ; cela dépendait de certaines choses que j’avais cherché ce matin-là à découvrir sans déranger personne et sans faire parler dans la famille. Je les avais découvertes, ou plutôt j’avais découvert à temps qu’il n’y avait rien à découvrir. Tout en restait donc là, et j’étais redevenu Marc Browne, le fils aîné du brave Thomas Browne, le commis du négociant, appartenant à une autre situation sociale que celle de mes frères Charles, Russell et Algernon Browne, nés après un long intervalle dans les jours de notre prospérité. C’étaient de beaux et braves garçons, bien venus, bien élevés, accoutumés au luxe et à