Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nant tristement en voiture, pendant les longs après-midi d’été, sans une seule amie à aller voir, sans personne qui vînt la visiter, même à l’église ; on se moquait de sa corpulence et de la lourdeur de ses mouvements, car l’âge ne l’avait pas rendue plus légère : on disait qu’elle était pâteuse comme les pains de son père, et on s’étonnait du goût qu’elle conservait pour arborer les plus beaux chapeaux de toute la congrégation.

J’avais contre elle un sentiment bien amer ; mais cependant je la plaignis un jour lorsqu’elle s’avança imprudemment à la première table des communiants, et que tous les chrétiens respectables attendirent la seconde. On ne revit plus les Rochdale à la communion. Qui pourrait s’en étonner ?

Les uns remarquaient pour lui en faire honneur, d’autres pour s’en moquer, que, chez elle ou au dehors, son mari la traitait toujours avec respect et considération. Plusieurs fois, des chasseurs du voisinage qui avaient déjeuné au château racontèrent que madame Lemuel Rochdale avait pris à table la place de la maîtresse, avec une taciturnité grave, qui obligeait tout le monde à oublier comment on avait plaisanté et ri à travers le comptoir avec Nancy Hine dans le temps passé…

Quant à son brave vieux père, il n’avait pas