pouce, tout en prêtant une oreille attentive aux paroles qu’allait prononcer la vieille Alice. Celle-ci, en effet, l’avait choisi pour lui dicter l’expression de ses volontés dernières. De temps en temps, par-dessus ses lunettes, elle lui jetait un regard empreint d’une certaine bienveillance maligne et accompagné d’allusions de plus en plus transparentes.
« Je lègue tous mes meubles à Hester Rose, lui avait-elle dit quelques instants auparavant ; mais puisque tu aimes tant les puddings et la pâtisserie, tu auras, pour ta part, le rouleau et la planche à pâte… Donne-les à ta femme quand je serai partie, et puisse-t-elle s’en servir de manière à te satisfaire, ce qui, par parenthèse, n’est pas toujours si aisé.
— Je ne compte pas me marier, disait William.
— Tu te marieras, répondit Alice ; tu n’es pas médiocrement soucieux de ton bien-être, et ta femme seule pourra te soigner comme tu l’entends.
— Je sais bien de qui je voudrais recevoir les soins, soupira William… mais je sais aussi que je ne lui plais guère. »
Alice, avec un de ces regards dont nous avons parlé, prit alors, comme on dit, la halle au bond :
« C’est à notre Hester que tu penses, » lui dit-elle sans plus de façons.
Il avait d’abord légèrement tressailli ; mais, levant les yeux sur elle, il se sentit encouragé à continuer.
« Hester ne me porte aucun intérêt, reprit-il avec abattement.
— Patience, mon enfant, cela viendra, répondit Alice avec bonté. Ce n’est pas tous les jours qu’une jeune fille sait ce qui se passe en elle… Du reste, ce serait là un mariage selon mes vœux. Et comme le Seigneur s’est toujours montré bon pour moi, j’aime à penser qu’il saura lever tous les obstacles… Mais toi, ne persiste pas à