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des frênes au delà duquel je devais rencontrer « la pièce du haut, » reconnaissable aux deux pieds de houx qui en marquent le point central.

J’y parvins, en effet, sans trop de peine, et j’y trouvai Betty, qui terminait, de concert avec deux autres ouvriers, l’entassement du foin sur un char énorme. Dans un coin de la prairie, on voyait un petit monceau de vêtements (car la chaleur, même à la fin du jour, était encore accablante), plus quelques cruches et paniers près desquels maître Rover, tout pantelant, montait une, garde assidue. Du reste, pas de ministre, pas de Phillis, et je ne voyais pas non plus M. Holdsworth.

Betty, devinant ce que je cherchais des yeux, étendit le bras vers la partie supérieure du champ. Je suivis la direction qu’elle me donnait ainsi, et, sur un large plateau communal, creusé, déchiré, sillonné en tous sens, — montrant çà et là, comme des plaies, ses tranchées de sable rouge, ça et là aussi, comme une étoffe d’or et de pierres précieuses, ses nappes de bruyères et de genêts en fleur, — j’aperçus, à quelques pas de la clôture, les trois personnes que je voulais rejoindre. Leurs têtes étaient groupées, fort près l’une de l’autre, autour du théodolite de Holdsworth. Ce dernier enseignait au ministre comment on obtient un niveau, comment on lève un plan.

Je fus requis, à peine arrivé, de tenir la chaîne et de prendre part à la leçon. Phillis n’y prêtait pas moins d’attention que son père. Tout au plus trouva-t-elle le temps de m’adresser un mot de bienvenue, tant elle craignait de perdre la moindre parcelle des explications fournies au ministre par le complaisant ingénieur.

Les nuages, cependant, devenaient de plus en plus noirs, et, durant les cinq minutes qui suivirent mon arrivée, allèrent épaississant toujours. Un éclair éblouissant