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savoir que nous nous transporterions à Hornby, M. Holdsworth et moi, l’achèvement de cette extrémité de ligne réclamant désormais nos soins assidus et notre présence quotidienne.

Ceci nous rendait infiniment plus commodes nos excursions du côté d’Heathbridge, et dès lors nos relations avec les résidents de Hope-Farm devinrent plus fréquentes. Une fois le travail du jour terminé, nous pouvions fort bien pousser à pied jusque-là, y jouir pendant une ou deux heures des senteurs embaumées du soir, et rentrer chez nous avant que le crépuscule d’été se fût complètement effacé. Que de fois même nous serions restés plus tard dans cette fraîche demeure, — bien différente de l’étroit domicile que la ville nous offrait en perspective, et que je partageais avec mon chef, — si le ministre, pour qui se coucher et se lever de bonne heure étaient deux nécessitas corrélatives, ne nous avait amicalement renvoyés aussitôt après la prière du soir, « l’exercice, » comme il l’appelait.

Chaque fois que je pense à cette saison d’été, le souvenir de mainte heureuse journée se représente à moi, et je retrouve aisément l’ordre des incidents qui se succédèrent en les replaçant dans le cadre que les travaux quotidiens leur faisaient, car enfin je sais que la récolte du blé vient après la fenaison, et que la cueillette des pommes n’a lieu qu’après la rentrée du froment sous granges.

L’installation à Hornby nous prit assez de temps, et, tant qu’elle ne fut pas complète, les visites à Hope-Farm demeurèrent suspendues. Pendant mon séjour auprès de mes parents, M. Holdsworth y était allé une seule fois. Certain soir qu’il faisait fort chaud, il me proposa de partir à l’issue de notre besogne pour aller voir les Holman ; j’avais à terminer la lettre hebdomadaire que j’écrivais chez nous, et il se mit en route sans vouloir m’attendre,