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tiques. Il avait pour la chère tante une foule de petites attentions filiales. Il témoignait à Phillis l’amicale condescendance d’un frère aîné ; rien de plus, je dois le dire, rien qui en différât le moins du monde. Ce fut avec une curiosité des plus vives qu’il m’interrogea sur nos affaires d’Eltham.

La tante nous écoutait.

« Je le vois, dit-elle, vous allez passer une semaine tout autre que celle-ci. Vous aurez du travail par-dessus la tête. Prenez garde de vous rendre malade. Il faudrait bien vous résoudre alors à venir encore une fois goûter de notre repos.

— Je n’ai pas besoin de retomber malade pour être tenté de recommencer une si douce existence. Je n’ai qu’une chose à craindre, c’est de récompenser vos bons soins par des assiduités que vous trouverez gênantes.

— À la bonne heure, nous verrons cela… En attendant, ne vous surmenez pas, et avalez tous les matins une bonne tasse de lait frais. Vous pouvez même y mêler une cuillerée de rhum, et cela, dit-on, n’en vaudra que mieux ; mais le rhum chez nous est une liqueur proscrite. »

Naturellement avide des renseignements que je lui apportais sur les exigences futures de cette vie active qu’il lui tardait tant de reprendre, Holdsworth ne me quittait plus. Je surpris, à certain moment, ma cousine qui me guettait de loin, épiant notre conférence avec un regard tout à la fois curieux et pensif ; mais à peine nos yeux s’étaient-ils rencontrés, elle se détourna promptement, comme pour me dérober la vue de son visage, tout à coup devenu pourpre.

Le même soir, j’allai au-devant du ministre, qui revenait de Hornby, et nous eûmes ensemble une conversation restée je ne sais comment dans ma mémoire. Pendant ce