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Mais deux minutes après, se relevant tout à coup :

« Un livre quelconque serait le bienvenu. N’en vois-je pas là-bas, sur ces planches ?… »

Et il se mit à lire les titres : « Le Commentaire de Matthew Henry,… la Ménagère de campagne,… Inferno Dante ici ! s’écria-t-il avec la surprise la plus vive. Qui donc peut le lire ?

— Ne vous ai-je pas dit que c’était Phillis ? Le grec, le latin, elle sait tout…

— Au fait, c’est vrai. Je n’y songeais plus ; j’avais oublié ce curieux mélange des qualités de la femme pratique avec les instincts du savant en us, et l’embarras où ses questions vous jetaient lors de vos premières visites… Et ce papier, qu’y a-t-elle écrit ?… Ah ! les mots qui la gênaient, les expressions archaïques et hors d’usage. De quel dictionnaire se sert-elle ?… Il faudrait mieux que Baretti pour lui donner la solution de tous ces problèmes. Prêtez-moi votre crayon, je vais mettre ici regard les acceptions les plus usitées, ce sera toujours autant de moins à chercher. »

Ceci l’occupa un certain temps, et je le regardais écrire, songeant à part moi qu’il prenait là une liberté peut-être excessive. Pourquoi son zèle joyeux ne m’était pas agréable, je ne puis m’en bien rendre compte ; mais je fus tout heureux quand un bruit de roues et de voix vint interrompre son travail.

C’était mistress Holman qui rentrait dans la carriole d’un obligeant voisin. Je courus au-devant de ma tante, qui commençait à m’expliquer la cause de leur retour un peu tardif, quand se ravisant tout à coup :

« Ah ! çà, je ne vois pas M. Holdsworth. J’espère bien que vous n’êtes pas venu seul ? »

Au même moment, Holdsworth se montra, souriant à cette cordiale bienvenue, et cinq minutes ne s’étaient pas