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pieds, envoyait de temps en temps aux mouches importunes quelque happement inutile. Sous prétexte de prendre part à la besogne, je m’assis à côté de Phillis, et j’abordai le sujet qui pour le moment me préoccupait le plus. Toutefois nous parlions presque bas, car les fenêtres étaient ouvertes, et nous ne voulions pas nous exposer à être entendus de l’hôte plus ou moins endormi.

« Comment trouvez-vous M. Holdsworth ? N’est-il pas aussi bien que je vous l’avais annoncé ?

— Oui… peut-être… je ne sais trop… c’est à peine si je l’ai regardé, répondit ma cousine ; mais n’a-t-il pas les airs d’un étranger ? J’aime assez, pour mon compte, qu’un Anglais garde les dehors auxquels on peut le reconnaître.

— Vous voulez parler de sa coiffure et de sa barbe ? Au fond, je crois qu’il n’y pense guère. Il assure qu’il s’est conformé en ceci aux usages du pays qu’il habitait, et une fois revenu en Angleterre, il aura trouvé plus simple de continuer.

— Il a eu tort. S’il se mettait en Italie, à l’unisson des Italiens, il devait, en Angleterre, reprendre les manières d’être nationales. »

Cette logique rigoureuse en vertu de laquelle on blâmait mon meilleur ami ne laissait pas de me déplaire. Je voulus changer de conversation, mais après quelques propos insignifiants :

« Vous devriez, me dit Phillis, aller voir comment se trouve M. Holdsworth. Qui sait s’il n’aura pas perdu connaissance ? »

Notre malade au contraire était sur pied, auprès de la fenêtre, et je me doutais bien qu’il nous observait du coin de l’œil

« C’est donc là, me dit-il, la bru que s’était choisie