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Nous nous mîmes tous les trois à la cueillette. Au bout de cinq minutes, le jeune malade se vit réduit à demander grâce :

« J’avais trop présumé de mes forces, » nous dit-il, et ces simples mots donnèrent à Phillis un véritable remords.

— Comment ai-je pu consentir à vous laisser prendre cette fatigue ? Et vous, Paul, n’auriez-vous pas dû m’avertir ? Voilà qui est fini, rentrons bien vite ! »

Elle nous ramena ainsi vers la maison, où elle installa pour le nouvel hôte un ample fauteuil garni de nombreux coussins. Holdsworth épuisé s’y laissa tomber avec délices. Puis elle revint, apportant sur un plateau de l’eau et du vin, des gâteaux, du pain fait à la maison, du beurre à peine sorti de la baratte. Pendant que notre malade se restaurait et reprenait peu à peu bon visage, et tandis qu’il s’excusait en riant de la peur qu’il semblait nous avoir faite, elle le regardait avec une sorte d’anxiété ; mais aussitôt après, rendue à sa timidité naturelle, nous la vîmes se retirer du côté de la cuisine.

M. Holdsworth, à qui elle avait remis avant de s’éloigner ainsi, le journal du comté, n’essaya même pas d’en commencer la lecture. Ses bras s’affaissèrent sur ses genoux, ses yeux malgré lui se fermèrent, et je profitai du sommeil qui venait de l’envahir pour aller rejoindre ma cousine.


IX


Elle était assise sur un banc extérieur, entre la corbeille que nous avions remplie ensemble et un grand bol où ses doigts agiles laissaient tomber les petits pois qu’elle retirait de leurs cosses. Rover, accroupi à ses