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rouge, évidemment intimidée. Jamais ne l’avais vue ainsi.

« Voici M. Holdsworth, » lui dis-je quand nous eûmes échangé une poignée de main.

Elle leva les yeux sur lui, puis les baissa de nouveau, plus troublée que jamais par le salut solennel qu’il lui adressait en retirant son chapeau, — formalité presque inouïe à Hope-Farm.

« Si vous aviez écrit, me dit ma cousine, mes parents n’auraient pas eu le regret de se trouver absents au moment de votre arrivée.

— C’est ma faute, mademoiselle, interrompit Holdsworth. Il faut me pardonner une irrésolution qui est un des priviléges de mon état de santé. Je n’ai pu me décider à fixer d’avance l’heure de notre départ. »

Je ne sais si Phillis avait bien compris, mais il était assez palpable qu’elle cherchait, sans le trouver, ce qu’il fallait faire de nous. Il me sembla que je devais lui venir en aide. Je la priai de continuer sa petite moisson en lui offrant de l’aider, si elle voulait bien le permettre. Mon compagnon se hâta de proposer aussi ses services :

« À la condition, ajouta-t-il, que je pourrai croquer de temps en temps quelques-uns de ces appétissants petits pois.

— Vous le pouvez à coup sûr, Monsieur, mais nous avons là-bas un champ de fraises, et Paul vous y conduira, si vous voulez.

— Allons, allons, je vois qu’on se méfie de mes talents, reprit Holdsworth, et c’est vraiment bien à tort. Je tiens d’autant plus à me réhabiliter. »

C’était là un style de plaisanterie auquel Phillis n’était pas plus habituée qu’aux révérences du beau monde. Elle eût voulu se défendre de la méfiance qu’on lui imputait, mais, tout compte fait, elle préféra se taire.