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— À la recherche de nos hôtes ; Betty nous dira sans doute ce qu’ils sont devenus. »

Pendant que nous traversions la cour de ferme, Rover nous accompagnait majestueusement, comme pour remplir un devoir de sa charge. Betty, qui par ce beau temps faisait volontiers son ouvrage en plein air, était occupée à rincer les vases à lait dans un bassin d’eau de source. Elle nous apprit que ses maîtres, ne comptant sur nous que pour le dîner, étaient allés ensemble jusqu’au bourg voisin. Ils reviendraient certainement à l’heure où ils pensaient que nous devions arriver nous-mêmes.

« Et Phillis ? demandai-je pendant que Holdsworth se familiarisait avec Rover.

— Je l’ai vue passer il n’y a pas longtemps, dit Betty. Elle doit être dans le potager.

— Allons-y ! » s’écria mon compagnon, cessant de jouer avec le chien.

Le potager était peut-être la partie du domaine à laquelle on accordait le moins d’attention, et cependant il était plus soigné que jardins de ferme ne le sont en général. Il promettait en ce moment une riche moisson de légumes et de fruits. Une double bordure de fleurs courait le long des allées sablées. Le vieil espalier du nord était meublé d’assez beaux plants, et sur une pente du terrain qui aboutissait aux viviers s’étendait un vaste lit de fraisiers en pleine fleur. Coupant à droit angle l’allée principale, de longues rangées de pois parmi lesquelles j’aperçus Phillis, — qui elle-même ne nous avait pas encore signalés, — penchée en avant et faisant sa récolte.

Le bruit du sable criant sous nos pieds la fit bientôt se redresser, et, garant ses yeux du soleil qui l’éblouissait, elle nous reconnut aussitôt. Immobile pendant un moment, elle vint ensuite à nous lentement, un peu