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ment je ne sais pas si vous êtes doué de la même espèce de vertu.

— Ce qui implique entre nous, — le sauriez-vous déjà, par hasard ? — plus de désaccord probable que s’ils étaient bons et moi… tant soit peu autre chose.

— Ceci me paraît de la métaphysique pure, et vous savez que la métaphysique ne vous vaut rien. Couchez-vous tranquillement, et faites-moi savoir à quelle heure vous voulez que nous partions.

— Au fait, c’est demain dimanche… Ma foi, mon ami, dormons d’abord, nous verrons demain comment la journée s’annonce, » me dit-il avec cette indécision, cette langueur caractéristiques auxquelles je le voyais en proie depuis quelque temps.

Mais le lendemain, au réveil, je ne reconnus plus l’homme de la veille. Le soleil brillait, la matinée était superbe ; il fallut s’habiller en deux temps, partir sans retard ; il semblait que le sol brûlât sous nos pieds. Je me demandais si nous n’arriverions pas un peu trop tôt, et si la tante serait flattée d’être surprise au milieu de ses préparatifs ; mais le moyen de tenir tête à mon impétueux, à mon impérieux compagnon ? Bref, quand nous arrivâmes à la ferme, la rosée brillait encore le long des sentiers, du côté que le soleil n’avait pas touché de ses rayons.

Le grand chien de garde, Rover, s’étirait paresseusement devant la porte close. Quand j’eus soulevé le loquet, il me regarda d’un air moitié amical, moitié méfiant. Dans la salle basse, je ne vis personne.

« J’ignore vraiment où ils peuvent être, dis-je à mon ami ; mais si vous voulez attendre ici, vous asseoir, vous reposer… — Allons donc ! quels toniques vaudraient cet air embaumé ? Sortons au contraire, on respire mal dans cette chambre… Mais où irons-nous ?