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ment. Je désirais qu’ils vissent mon ami, je désirais qu’il les connût ; je lui transmis donc, aussitôt que nous nous vîmes, la proposition de mes parents. C’était le soir, il se sentait fatigué ; l’idée de se transporter dans une maison étrangère ne lui souriait en aucune façon. Bref, il me refusa presque, à mon grand désappointement. Le lendemain ce fut tout autre chose il me fit ses excuses de s’être montré si peu gracieux, et m’annonça qu’il allait disposer toutes choses pour être à même de m’accompagner à Hope-Farm le dimanche suivant.

« Car, voyez-vous, ajouta-t-il en riant, je suis trop timide pour y aller seul. Cela vous étonne à coup sûr, vous qui m’avez connu un front d’airain ; mais cette sotte fièvre a fait de moi une véritable petite fille. »

Notre plan fut ainsi réglé : nous irions passer ensemble à la ferme l’après-midi du dimanche, et si l’endroit convenait à M. Holdsworth, il s’y installerait pour une dizaine de jours, s’occupant autant qu’il le pourrait de cette extrémité de la ligne, tandis que je le suppléerais de mon mieux à Eltham.

Lorsque je vis se rapprocher le moment de cette mutuelle présentation, une certaine inquiétude s’empara de moi. Le brillant Holdsworth se plairait-il dans cette famille aux mœurs si paisibles et si particulières tout à la fois ? Lui-même réussirait-il, avec ses façons à demi exotiques, et serait-il compris par mes bons parents ? Je me mis d’instinct à préparer les voies en lui faisant connaître le détail intérieur de la maison où il allait débuter.

« Manning, me dit-il, je crois m’apercevoir que vous ne me croyez pas assez vertueux de moitié pour réussir auprès de vos amis. Voyons, expliquez-vous franchement, ai-je deviné ?

— Ce n’est pas cela, répliquai-je avec une certaine hardiesse. Je vous crois très-vertueux et très-bon ; seule-