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pelée elle-même à Londres par une épidémie dont ses enfants avaient été atteints.

N’ayant vu jusqu’alors mon patron que dans la chambre d’auberge où la maladie était pour lui en quelque sorte un état normal, je ne m’étais pas fait une idée juste de l’ébranlement que sa constitution avait subi. Tout au contraire, une fois qu’il fut rentré dans son ancienne résidence, où je l’avais connu si actif, si beau parleur, si prompt à décider toute chose, je constatai un changement bien pénible pour l’affectueuse admiration que je lui avais vouée. Le moindre effort ou de corps ou de pensée le plongeait dans un profond abattement. On l’eût dit incapable ou de former aucun dessein, ou de réaliser ceux qu’il avait pu concevoir.

C’étaient là, je l’ai vérifié plus tard, les symptômes inévitables d’une lente et graduelle convalescence ; mais dans le moment je n’envisageai pas ainsi cet état de choses qui m’étonnait sérieusement, et c’est en ce sens que j’en parlai à mes bons amis de Hope-Farm, chez qui je trouvai immédiatement la meilleure et la plus active sympathie.

« Amenez-nous ce jeune homme, me dit le ministre. L’air de nos environs jouit d’une réputation proverbiale ; ce mois de juin est magnifique. Nous le promènerons parmi nos foins, et le parfum qu’ils exhalent vaudra mieux pour lui que tous les baumes des alchimistes modernes.

— Ajoutez, continua la tante Holman, sans presque laisser à son mari le temps d’achever sa phrase, ajoutez qu’il trouvera ici du lait et des œufs frais à discrétion. Daisy justement vient de vêler, et son lait vaut mieux que la crème de nos autres bêtes. Puis nous avons la chambre à papier tartan, où le soleil donne toute la matinée. »

Phillis ne disait rien, mais semblait, elle aussi, prendre à cœur ce projet hospitalier. Il me séduisait égale-