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le prodiguait, ainsi que ses pensées, à tous ceux qui souffraient. Son affectueuse sympathie la faisait bien venir des pauvres de Manchester qu’elle visitait souvent. Elle accueillait et secondait l’exécution des plans qui pouvaient les soulager sans les avilir. M. Thomas Wright qui, de l’autre côté du détroit, continue l’œuvre du philanthrope Howard et de Mrs Fry, en cherchant à procurer du travail aux prisonniers libérés, la trouva toujours prête à lui venir en aide. Elle prenait un vif intérêt aux jeunes filles de l’École du Dimanche, les réunissait une fois par mois chez elle, leur lisait haut, les encourageait à lui faire part de leurs remarques.

« Avant que nous eussions parlé, elle avait deviné ce que nous avions dans le cœur, » disait une de ses anciennes élèves. Pendant quelque temps elle consacra la soirée du samedi à leur enseigner la géographie et l’histoire d’Angleterre. Celles qui ont eu le bonheur d’assister à ces réunions en gardent un profond et reconnaissant souvenir. Ce fut ainsi qu’à son insu, elle acquit la connaissance intime, la vue intérieure (insight) du caractère particulier à la classe manufacturière du Nord : initiation qui a été l’un des principaux éléments de ses succès littéraires.

Tout entière à ses occupations charitables et aux soins de sa famille, elle n’aurait peut-être pas songé à écrire, si une cruelle douleur, la perte d’un enfant bien-aimé, ne l’eût poussée à chercher une diversion. Elle entreprit un travail sérieux dans un but utile. Elle avait assisté à la terrible crise qui, de 1839 à 1841, foudroya l’industrie anglaise ; elle avait vu des familles entières s’éteindre faute de nourriture, « au milieu d’une agonie