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trésor, mais bien décidée à ne pas se relâcher un seul instant de la surveillance la plus stricte.

Y avait-il quelque arrière pensée de ce genre dans l’espèce d’hésitation avec laquelle mes parents m’invitèrent à revenir chez eux lorsque j’en aurais le loisir ? Question délicate, mais sans importance pour le lecteur, qui sait là-dessus à quoi s’en tenir. Je revins donc toutes les fois que M. Holdsworth n’y voyait pas d’inconvénient, et ces parents retrouvés, auxquels je m’attachai bien vite, ne firent cependant aucun tort dans mon cœur à l’affection respectueuse qu’il avait su m’inspirer. Il y a pour la jeunesse tant de façons d’aimer et tant de richesses à dépenser en ce genre !

Je souris quelquefois en songeant aux peines que je me donnais pour faire apprécier M. Holdsworth par les hôtes d’Heathbridge, et pour expliquer à mon jeune patron le charme de cette existence laborieuse et sanctifiée qu’on menait chez le digne pasteur. Pendant tout l’automne, j’allais au moins une fois par mois y passer la journée du samedi, et je n’eus à noter qu’un seul changement aux usages de la maison, changement dont je fus peut-être seul à m’apercevoir. Phillis cessa peu à peu de porter des tabliers à manches. De plus, la robe de cotonnade bleue, vers la fin de la saison, fit place à une robe de mérinos brun. — Ce fut tout ; c’était quelque chose.


VII


Vers la Noël, mon père me vint voir. Il voulait aussi consulter M. Holdsworth sur quelques changements à introduire dans la construction intérieure du fameux « propulseur-Manning. » On sait déjà que notre jeune