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— En ce cas, ce doit être de l’italien, répondis-je sans être tout à fait certain de tomber juste.

— C’est de l’italien, et je ne puis m’en tirer toute seule. Mon père, avec son latin, m’explique pas mal de difficultés ; mais il a si peu de temps à lui !

— Vous n’en avez guère non plus, vous qui faites deux choses à la fois.

— Ces pommes, voulez-vous dire ? Ce n’est pas cela qui m’embarrasse… Ah ! si vous saviez l’italien !

— Je ne demanderais pas mieux, m’écriai-je, entraîné par son impétueux désir. Pourquoi M. Holdsworth n’est-il pas ici ?…

— Qui donc est M. Holdsworth ? » demanda Phillis levant les yeux sur moi.

Ici, mon culte enthousiaste, mêlé de je ne sais quel orgueil impersonnel, se donna pleine carrière.

« C’est notre ingénieur principal, répondis-je en me rengorgeant ; un homme tout à fait supérieur ! Aucune science ne lui est étrangère. »

N’était-ce pas quelque chose, pour un ignorant, que de connaître intimement un savant de cet ordre ?

« Comment se fait-il qu’il parle italien ? reprit ma cousine.

— Il a travaillé aux chemins de fer du Piémont, et le Piémont, je crois, est en Italie. Je lui ai entendu dire que, pendant deux années entières, il n’avait eu à sa disposition que des livres italiens.

— En vérité ! s’écria Phillis. Que je voudrais donc !… »

Comme elle n’achevait pas sa phrase, je pris sur moi de traduire la pensée qu’elle hésitait à exprimer. Toutefois ce ne fut pas sans une sorte de répugnance involontaire.

« Désirez-vous que je le consulte, en votre nom, sur ce passage que vous ne comprenez pas ?