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— Dix-sept ans depuis le mois de mai. Vous-même, quel âge avez-vous ?

— Dix-neuf ans, deux ans de plus que vous, ajoutai-je en me redressant un peu.

— Je ne vous en aurais pas donné plus de seize, » reprit-elle avec une implacable sérénité.

Je l’aurais battue. Un silence s’établit.

« Qu’allez-vous faire ? demandai-je ensuite par manière d’acquit.

— Les chambres, répondit-elle de même. Cependant, ma mère veut que je me mette à votre disposition pour vous promener et vous distraire. »

Ceci fut articulé avec un accent presque plaintif. Il ne tenait qu’à moi de penser que le rangement des chambres était, aux yeux de Phillis, la plus facile et la plus attrayante des deux alternatives.

« Voulez-vous me conduire aux étables ? J’aime les animaux, bien que je ne m’y connaisse guère.

— Ah ! vraiment ? Eh bien ! tant mieux. Je craignais que, n’aimant déjà point les livres, les animaux ne vous fussent indifférents. »

Évidemment elle ne pensait pas que nous eussions le moindre goût en commun.

Nous parcourûmes ensemble la cour de ferme. Phillis était vraiment fort agréable à voir lorsque, s’agenouillant et leur offrant son tablier chargé de grains, elle invitait à venir jusque sur elle les petits poussins timides, encore habillés de duvet, que la mère poule surveillait avec une certaine anxiété. Elle appela les pigeons, qui battirent des ailes sur le bord des toits, au son de cette voix connue. Nous passâmes en revue les grands chevaux de trait, dont les croupes lisses et les crinières bien peignées faisaient plaisir à voir. Nous n’avions ni l’un ni l’autre une grande sympathie pour le verrat et sa postérité ; en re-