Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vit. Elle vint se rasseoir une ou deux minutes après.

Quelque temps s’était écoulé sans que j’eusse encore tout à fait digéré l’espèce d’affront que je croyais avoir subi, quand le ministre, rouvrant la porte par laquelle il était sorti, me fit signe de venir le trouver.

À travers un étroit corridor, je parvins dans un petit réduit de dix à douze pieds carrés, ayant à la fois l’aspect d’un comptoir et d’un cabinet de travail, où se coudoyaient dans le plus pittoresque désordre une table à écrire assis, un bureau à la Tronchin, deux corps de bibliothèque, l’un — le plus grand — empli de vieilles Sommes théologiques, l’autre d’ouvrages spéciaux sur l’agriculture, le drainage, l’élevage des bestiaux, les fumiers et tout ce qui s’ensuit. En outre, sur les murs blanchis à la chaux, s’étalaient toutes sortes de memoranda fixés par des pains à cacheter, des épingles, des clous, tout ce qui s’était trouvé à portée de la main ; par terre, une boîte d’outils de menuiserie ; sur le bureau, des paquets de notes sténographiées.

Comme j’entrais il se tourna vers moi, riant à moitié :

« Cette petite fille prétend que je vous ai blessé. » — Il posa sur mon épaule sa main robuste. — « Aurait-elle raison par hasard ? Ce qui est dit à bonne intention ne doit-il pas être pris de même ? »

Je ne sais ce que je balbutiai, vaincu par tant de bonhomie.

« Bravo, continua-t-il sans me laisser l’embarras de conclure, je vois que nous nous entendrons très-bien, vous et moi. C’est un privilége rare, savez-vous, que d’être admis en ce capharnaüm ; mais que voulez-vous ? j’en suis réduit à implorer votre assistance pour éclairer certains passages d’un livre que j’étudie depuis ce matin. Figurez-vous que j’avais souscrit aux sermons de mon collègue Robinson, et le libraire, par mégarde, m’a fait