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roulant autour de son cou une de ces vastes cravates blanches que j’avais déjà vues sous les fers à repasser de la chère tante, et, bien qu’il tint ses yeux fixés sur moi, je ne suis pas très-certain qu’il me regardât beaucoup. En revanche, il me questionnait sans relâche, écartant sa pipe de temps en temps pour en secouer les cendres.

Tant qu’il fut question de ce que j’avais pu apprendre, des livres que j’avais lus, etc., je ne me sentis pas à mon aise un seul moment, et je présume que mes réponses n’eurent rien de très-catégorique ; mais quand il aborda la question « chemins de fer, » je me retrouvai sur mon terrain, d’autant mieux que ma besogne quotidienne me tenait au cœur, et que je m’en occupais avec une sorte de passion, M. Holdsworth exigeant de tous ceux qui travaillaient sous ses ordres qu’ils eussent ce qu’il appelait le « feu sacré. »

Tout en répondant de mon mieux à l’interrogatoire du ministre, je ne pus m’empêcher de remarquer la suite logique, la pertinence de ses questions. Il ignorait, cela va sans le dire, une foule de détails techniques ; mais, une fois maître de quelques prémisses, il en déduisait admirablement bien les conséquences nécessaires.

Phillis, — qui lui ressemblait au moral comme au physique, — levait de temps en temps la tête de mon côté, s’efforçant de me comprendre. Je m’en apercevais bien, et peut-être me donnais-je plus de peine, à cause de cela, pour ne me servir que des expressions les plus claires et mettre dans mes explications l’ordre le plus méthodique.

« Elle verra, me disais-je, qu’on peut savoir quelque chose, alors même qu’on ne s’est pas farci la tête de ces vieux idiomes défunts depuis tant de siècles.

— Allons, finit par dire M. Holman, je commence à m’y