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parquet, plus deux ou trois portraits de la famille Holman, produits primitifs d’un art au berceau ; — entre les fenêtres, sur un guéridon appliqué au mur, un grand pot de fleurs ayant pour base la Bible in-folio de Matthew Henri.

C’était par égards pour moi qu’on s’installait ainsi dans cette espèce de sanctuaire, et Dieu sait pourtant si j’eusse préféré cette autre pièce, — moitié atelier, moitié cuisine, — où le feu de bois flambait à l’aise dans une cheminée moins exactement noircie, frottée, nettoyée, où le four s’ouvrait tout à côté de l’âtre, où le dîner cuisait à deux pas et sous les yeux des convives, et dont le principal meuble était un jeu de galet en chêne poli, surmonté de corbeilles à ouvrage, toujours un peu trop pleines.

Un seul rayon, courant le long du mur, servait à poser quelques livres, des livres d’usage quotidien et non d’apparat. Il m’arriva plus d’une fois d’en prendre un au hasard, quand je me trouvais seul dans cette grande pièce commune. C’était un Virgile, un César, voire une grammaire grecque, et sur la garde de chaque volume, hélas ! l’oserai-je dire ? — le nom de Phillis Holman, de cette Phillis que je venais de voir l’instant d’avant tranquillement assidue à son ouvrage, ses longs cils noirs abaissés sur ses yeux, et ses cheveux dorés bouclant sur ce beau cou d’un blanc mat, qui de loin semblait un fût de marbre.

Ses livres me faisaient peur, et me la rendaient plus imposante que je ne saurais dire ; mais revenons à cette première soirée.

Après le thé, pris en cérémonie, nous revînmes, le ministre et moi, dans la salle basse où il pouvait fumer à son aise, sans dommage pour les rideaux de damas brun qui ornaient le salon. Il avait « affiché sa Révérence » en