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La tante Holman déplora de plus belle l’absence de son mari, et me fit solennellement promettre que je reviendrais le samedi suivant pour passer en famille la journée du dimanche.

« Venez même vendredi, si vous êtes libre, » ajouta-t-elle sur le seuil de la porte en abritant de la main ses yeux contre les rayons du soleil couchant.

La cousine Phillis était toujours à l’angle de la croisée, avec ses cheveux d’or pâle et son éblouissante carnation, éclairant pour ainsi dire la pénombre où elle restait. — Elle ne s’était pas levée pour me reconduire, et me regardait en plein visage au moment où elle prononça tranquillement la formule des adieux.

Je m’attendais à subir un interrogatoire en règle sur ce qui venait de se passer en cette mémorable occasion ; mais je trouvai M. Holdsworth fort occupé de je ne sais quelle difficulté technique. Dans ce que je répondais à ses questions distraites, son esprit positif ne démêla que le désir d’être libre le vendredi suivant.

« Certes, dit-il ; vous n’aurez pas volé cette petite douceur. Voici plusieurs mois que vous bûchez comme un nègre. À votre aise, mon camarade, à votre aise ! »


III


Je m’étais dit tout d’abord, malgré cette concession si gracieusement faite, que je retarderais ma visite jusqu’au samedi ; pourtant, — expliquez ceci à votre guise, — je me trouvai vingt-quatre heures plus tôt à la petite porte de Hope-Farm.

Malgré la douceur d’une belle journée de septembre,