Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/4

Cette page a été validée par deux contributeurs.


ELISABETH GASKELL
ET SES OUVRAGES




Quand une vie féconde en belles œuvres est brusquement tranchée, quand la mort, entre les rares écrivains qui aiment le bien et le font aimer, choisit et frappe soudain une femme d’élite, entourée d’affections, riche encore d’avenir, on voudrait du moins la peindre telle qu’on l’a connue, mettre en pleine lumière son esprit et son cœur, montrer dans son œuvre tout ce qui nous a ému et charmé : tâche difficile, mais qu’une vive sympathie peut donner le courage d’entreprendre.

Un critique éminent a dit que, de nos jours, la personne de l’écrivain se révélait dans ses écrits. Cela est parfaitement juste, appliqué à Mrs Gaskell. Il y avait entre son caractère, sa physionomie, son talent, une harmonie complète. On sentait que ses yeux brillants, observateurs, pénétraient au delà des surfaces et lisaient dans les consciences, mais la douceur du regard rassurait. La bouche s’ouvrait si candide et si franche, qu’il n’en pouvait sortir que de bonnes paroles. Ce front pur n’avait jamais eu à rougir d’une mauvaise pensée. Le sentiment du devoir, le respect de la vérité,