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nal… Je n’ai pas encore les comptes de la journée, et vous pouvez disposer d’une bonne heure. »

Ce fut un peu malgré moi que, toujours dominé par mon « héros, » je m’acheminai vers Hope-Farm.

Grâce aux minutieuses indications de notre hôte, je n’eus pas grand’peine à m’orienter, et, longeant un petit mur bas au pied duquel courait un sentier encombré de hautes herbes, j’arrivai devant une grande porte dont les montants portaient sur deux piliers couronnés de sphères en granit. Cette entrée d’apparat, donnant sur la principale avenue de l’enclos était rigoureusement fermée.

Je continuai donc par le même sentier jusqu’à un huis plus modeste, pratiqué dans le mur et où j’appliquai, sans façon, un bon coup de poing. Il s’ouvrit aussitôt, et je me trouvai en face d’une jeune fille qui de prime-abord me parut à peu près de mon âge, sa tête dépassant la mienne d’un bon tiers. Elle attendait en silence, les yeux fixés sur moi, les explications que j’avais à lui donner.


II


Je la vois encore, la cousine Phillis, en pleine lumière et sous les obliques rayons du soleil couchant, vêtue de cotonnade bleue, avec une petite garniture autour du col, et des poignets. Je n’avais pas idée d’une pareille blancheur. Ses cheveux étaient blonds, d’un blond pâle et doux, qui répondait à l’expression calme de ses grands yeux gris, tandis qu’elle me contemplait, immobile et sereine. — Mais elle avait un grand tablier à manches, et ce détail puéril me troublait par le désaccord apparent qu’il jetait entre son âge et sa mise.