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dants, M. Peters me suffisait, pour ne rien dire de pis, et un surcroît d’homélies, de prières improvisées, de lectures pieuses, ne me semblait aucunement requis pour la circonstance : mais enfin ma mère avait parlé, ce qui impliquait pour moi un arrêt du destin.

Donc, à l’issue de notre dîner commun, M. Holdsworth m’ayant quitté pour fumer son cigare, j’interpellai la rustique servante de notre auberge, qui parut ou ne pas comprendre mes questions, ou tout à fait incapable d’y répondre. Par compensation, elle m’expédia notre hôte, qui se montra plus complaisant ou mieux informé :

« Oui sans doute, Ebenezer Holman était le ministre… Peut-être bien sa femme appartenait-elle à la famille Green… Dans tous les cas, elle s’appelait Phillis… »

M. Holdsworth rentra sur ces entrefaites

« Des parents à vous ? ». demanda-t-il négligemment.

Je répondis par un signe de tête, et l’aubergiste continuant :

« Hope-Farm, me dit-il, appartient à M. Holman. On la voit d’ici. Ces hautes cheminées qui pointent à travers le feuillage sont celles de la ferme. En ligne droite, c’est à deux portées de fusil… Un fameux laboureur, notre ministre ! ajouta-t-il avec conviction.

— Allons donc ! un curé qui se mêle d’agriculture ! s’écria mon compagnon en haussant les épaules.

— Oui, monsieur, et pas un fermier d’ici ne lui en remontrerait, poursuivit notre hôte sans se déconcerter. Il donne cinq jours de la semaine à ses champs, deux jours au Seigneur, et je ne sais pas ce qu’il pioche le mieux, de sa terre ou de ses sermons. Demandez plutôt dans le pays.

— À votre place, Manning, me dit mon jeune patron quand nous restâmes seuls, j’irais un peu voir cet origi-