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manche, et quand je rentrais de ces fêtes sacro-saintes, ma petite chambre n’avait pas assez de coins et de recoins, — elle qui en avait tant, — pour loger tous les bâillements accumulés et logés dans ma poitrine.

Peut-être se demande-t-on déjà ce que tout ceci à de commun avec la cousine Phillis. Un peu de patience, et nous y arriverons.

Mes épîtres hebdomadaires instruisaient régulièrement ma famille de tout ce qui se passait autour de moi, et un jour que nous étions allés sonder, mon patron et moi, quelques terrains qui nous étaient signalés comme trop « mous, » trop perméables pour y faire passer la voie ferrée, je mentionnai l’incident à mon père, en lui parlant du village où nous avions fait halte. Ce village se nommait Heathbridge. Par l’ordinaire suivant m’arriva une lettre de ma mère, chez qui ce simple mot avait réveillé toute une série de souvenirs :

« Informez-vous, me disait-elle, de quelques parents à moi, dont le voisinage pourrait vous être précieux. Une cousine au second degré (que du reste je n’ai jamais vue) et qui passait jadis pour une héritière, en sa qualité de fille unique du vieux Thomas Green, a épousé dans le temps un ministre de notre croyance, Ebenezer Holman, dont la résidence était un endroit appelé Heethbridge. Sachez si c’est bien le même village dont parle votre lettre. Sachez ensuite si le ministre ne s’appelle point Ebenezer Holman, puis enfin si le nom de sa femme n’est pas Phillis Green. Tout cela vérifié, présentez-vous hardiment chez eux, comme l’unique enfant de Margaret Manning, née Moneypenny ; j’ai toute confiance que vous serez reçu à bras ouverts. »

Quand je lus ces lignes, j’aurais voulu, pour beaucoup, n’avoir jamais mentionné dans ma correspondance le nom de Heathbridge. En fait de ministres indépen-