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à qui les circonstances ne permettent pas un idéal plus élevé, des notions plus larges en fait de devoir. Néanmoins, s’il y a eu dévouement, sacrifice de soi-même à ce que, très-sincèrement, on croit être la cause du droit, je ne pense pas qu’on leur puisse marchander le titre de héros.

— Triste héroïsme, héroïsme antichrétien qui se manifeste par le dommage fait à autrui, » répondis-je avec un peu d’impatience.

Ici le bruit d’une troisième voix nous fit tout à coup tressaillir.

« Oserai-je me permettre, monsieur ?… »

Et la phrase resta inachevée.

C’était le fossoyeur-sacristain, ou le sacristain-fossoyeur, que nous avions naturellement aperçu, à notre arrivée, comme un détail épisodique, mais pour l’oublier ensuite ni plus ni moins que s’il eût compté parmi les dalles moussues relevées à la tête de chaque sépulture.

« Oserai-je me permettre ?… répéta-t-il, attendant la permission de poursuivre. Jeremy salua, par déférence pour les cheveux blancs que nous laissait voir sa tête découverte. Ainsi encouragé, notre homme continua.

— Ce que vient de dire ce gentleman (allusion à mes dernières paroles), m’a rappelé quelqu’un depuis bien des années mort et disparu… Peut-être, messieurs, n’ai-je pas bien saisi la portée de vos discours, mais, autant que je puis le comprendre, vous vous seriez trouvés d’accord pour décerner le titre de héros à Gilbert Dawson. Du moins, ajouta-t-il, en réprimant un long soupir frissonnant, du moins ai-je quelques raisons de le considérer comme tel.

— Veuillez vous asseoir, monsieur, et nous conter ce que vous savez de lui ? » dit très-sérieusement Jeremy, qui resta debout jusqu’à ce que le vieillard eût pris place…