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Une fois à peu près rétablie, elle n’eut rien de plus pressé que de quitter Hellingford, pour rentrer dans cet Enclos de Chester, où elle avait goûté, dans le voisinage dé l’imposante cathédrale, un calme si complet et si doux ; ce fut là qu’elle revit Dixon : Livingstone le lui amena. Tous deux placèrent le vieillard dans un grand fauteuil de malade, tout exprès disposé par Ellenor, qui, presque agenouillée devant ce fidèle serviteur, lui demandait d’oublier, de pardonner toutes les souffrances qu’il avait endurées pour l’amour d’elle. Il la regardait avec une surprise attendrie et ne lui refusa pas un moment de poser sur son front, pour y appeler les bénédictions d’en haut, ces mains qu’avait en quelque sorte sanctifiées un martyre volontaire. Épuisé par cet effort, il retomba sur son siége, et tour à tour, regardant Ellenor, puis le digne chanoine : « Celui-ci, dit-il, celui-ci est un brave homme,… bien meilleur que l’autre, vous pouvez m’en croire.

— Pensez-vous donc que j’en doute ? » répondit simplement Ellenor.

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Si vous veniez à traverser le village de Bromham, et si vous jetiez un coup d’œil par-dessus la haie de lauriers qui sépare de la grand’route le jardin du recteur, vous verriez, — par quelque belle journée d’été, — un bon vieillard, blanchi par l’âge, assis sur un fauteuil d’osier à la marge d’une verte pelouse. Appuyé sur un bâton, il relève rarement la tête ; mais, sans qu’il se donne cette peine, ses yeux sont au niveau de deux petites têtes blondes, qu’il ne perd guère de vue dans leurs jeux, et qui viennent de temps à autre, avec une entière confiance, lui déférer l’arbitrage de leurs innocents démêlés. Ces deux beaux enfants ont appris à bégayer son